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Tout est hasard, et rien n’est au hasard : c’est en regardant un film de Patrick Bokanowski consacré à Henri Dimier (1899-1986), "La Part du Hasard", que mon travail a pris son orientation. Leçon de peinture, le film (1984) découvre en effet les techniques et les méthodes à l’œuvre chez cet artiste, qui met le hasard au centre du processus créatif : le hasard invente des formes que la main organise, travaille et inscrit dans un graphisme élaboré.
J’ai donc commencé mon apprentissage comme un jeu, un jeu de hasard, sans dess(e)in préparatoire, attirée par les collages qui ne nécessitent pas de savoir dessiner. J'avais découvert les collages de Prévert, de Braque, de Picasso et, plus tard, ceux de Schwitters. Au hasard des rencontres, d’expérience en expérience, un chemin s’est tracé, souvent dans la solitude ; j’ai adopté ou redécouvert des techniques utilisées par d’autres : le « frottage » (qui permet de faire apparaître le relief de la surface sur laquelle la feuille de papier a été appliquée), le pliage et le froissage (techniques que Simon Hantai est un des premiers à avoir utilisées). Puis j’ai éprouvé le besoin de tester et pousser mon travail et en 1997 je me suis inscrite aux Ateliers du Carrousel, à Paris. Dans un atelier de dessin et de peinture puis très rapidement dans l’atelier de « mélange de matériaux » de Simone Couderc. Là s’est imposé à partir de 1998 le besoin de « complexifier » le travail, en y ajoutant une troisième dimension et en utilisant le jeu de matériaux au service de formes renouvelées. Les collages sont devenus des assemblages.
Le hasard s’est à nouveau fait nécessité. Hasard des matériaux d’abord : fil de fer, carton, verre, éléments de récupération divers, il n’y a pas de matériau « noble », mais les trouvailles du bricolage, les objets détournés de leur fonction, matériaux modestes, ou pauvres dans le sens du mouvement arte povera. Puis, le hasard du regard et du toucher : j’utilise ce qui passe à portée de ma main et qui, par une touche de couleur ou une forme inattendue, aimante mon regard ; je fais alors un « essayage ». L’objet s’insère-t-il bien dans l’assemblage déjà ébauché ? Fonctionne-t-il avec l’ensemble ? Pas à pas, d’ébauche en ébauche, la sculpture se construit. Parfois, lorsque le choix des matériaux est limité, l’espace -le vide- devient l’élément essentiel de la construction qui tourne à l’épure. Parfois c’est le choix du support qui guide la densité ou la légèreté de l’assemblage. La sculpture doit d'abord trouver sa stabilité mais l'équilibre demande aussi à être visuel, double exigence à laquelle l’esprit de Calder et les recherches des constructivistes ne seraient pas étrangers. Compère du hasard, l’humour s’invite parfois dans la danse…
Depuis 2006, je travaille dans un atelier de sculpture, Paris-Ateliers puis Les Ateliers Beaux Arts de la ville de Paris, dans lesquels de nouveaux matériaux, notamment les tiges métalliques, sont à l'origine de mon travail actuel.
Je vis et travaille à Paris.
Expositions personnelles
2022 | du 12.05 au 16.05
Mairie de Varengeville sur mer